Angie est en train de se moquer de Sophia dans la cour de l’école en critiquant ses vêtements. Sophia ne dit rien en retour. L’expression du visage et le langage corporel de Sophia laissent entendre qu‘elle est contrariée. En tant qu’enseignant, quelle est votre réaction?
Paul prend les livres d’école de Jack et les jette sur le sol du couloir de l’école. Jack baisse la tête et commence à ramasser tous ses livres qui se trouvent désormais éparpillés sur le sol du couloir. En tant qu’enseignant, quelle est votre réaction?
Si vous ne réagissez pas, l’intimidation se poursuivra et les situations vécues par l’enfant iront de mal en pis.
Il est nécessaire qu’un adulte intervienne et fasse preuve de soutien lorsqu’il est question d’intimidation.On ne doit pas s’attendre à ce que les enfants apprennent simplement à gérer ce genre de situation ou qu’ils remédient eux-mêmes au problème. Nous allons vous aider à apprendre comment et quand intervenir auprès des enfants dans ces situations ainsi que les façons de les soutenir. Le soutien que vous apportez aux enfants dans ces situations les rendra plus confiants, les aidera à développer des sentiments d’empathie et finira par faire disparaître les comportements d’intimidation.
Si vous assistez à une situation d’intimidation :
- interposez-vous physiquement entre l’intimidateur et sa victime, de préférence en rompant le contact visuel entre les deux enfants.
- ne faites pas intervenir de témoins non impliqués dans le conflit.
- ne demandez pas directement à l’enfant agressif les raisons de cet incident.
- référez-vous dès que possible aux règles anti-intimidation de votre classe spécifiques à la situation. Par exemple : « L’intimidation est inacceptable. Il est interdit de se moquer. »
- ne jamais exiger d’un enfant qu’il résolve seul un problème d’intimidation. En effet, l’intimidation se caractérise toujours par un déséquilibre des pouvoirs.
Valorisez l’enfant victime d’intimidation : reconnaissez et affirmez ce qui s’est passé en disant par exemple « Angie t’a blessée. J’en suis désolée. Ce n’est pas de ta faute. Tu as le droit de vouloir te sentir en sécurité ici. » Plus tard, lorsque vous serez seuls, donnez-lui des stratégies à appliquer ainsi que les paroles spécifiques à utiliser si cela se reproduit. Elle peut dire « Arrête » par exemple. Ce n’est pas sympa de m’embêter. » Encouragez-la à garder son calme et à avoir confiance en elle. Se disputer et répliquer ne fera qu’aggraver l’intimidation. S’il est trop difficile pour Sophia de se défendre seule, vous pourriez également lui donner la possibilité d’ignorer la moquerie et de partir si cela se reproduit. Elle pourrait ensuite aller parler à quelqu’un en mesure de l’aider, comme un enseignant, un ami, un parent ou toute autre personne adulte en qui elle a confiance. Si un enfant vient vous voir en se plaignant d’être victime d’intimidation, reconnaissez que cela est très courageux de sa part de discuter de cet incident.
Faites la leçon aux enfants témoins de la scène en émettant des remarques sur leur inaction ou leur tentative d’aide. Vous pouvez enseigner aux enfants témoins qui n’ont pas réagi que faire en cas de futures situations d’intimidation en leur disant quelque chose comme « Tu as vu Paul jeter les livres de Jack mais tu n’as rien dit. J’imagine que tu ne savais pas vraiment quoi faire. La prochaine fois, dis à Paul d’arrêter puis va chercher un adulte. » Si un enfant qui assiste à la scène tente d’intervenir, il devrait être félicité pour avoir voulu aider. Par exemple, vous pourriez proposer à l’enfant témoin d’inviter Jack à jouer avec lui ailleurs et de consoler la victime de manière à ce qu’elle sache que ce qui s’est passé n’était pas juste ou mérité. Les enfants ont besoin de l’entendre de la bouche de leurs amis afin qu’ils retrouvent leur estime de soi.
Lorsque vous assistez à une scène d’intimidation, intervenez et occupez-vous du problème immédiatement. Dites à l’enfant que ce qu’il est en train de faire s’appelle de l’intimidation et que ce n’est pas bien. Utilisez le mot « intimidation » de manière à ce que l’enfant comprenne que c’est ce qu’il est en train de faire. Prévoyez une conséquence immédiate en réponse au comportement intimidant. Si possible, elle doit être en relation avec l’incident, vous pourriez ainsi demander à Paul de ramasser tous les livres de Jack. La conséquence doit toujours exiger que l’intimidateur répare les torts qu’il a causés à sa victime. L’intervention pourrait passer par l’enseignement de l’empathie et de l’acceptation des différences par le biais de jeux, d’activités, d’histoires, de discussions ou de jeux de rôle. Vous pourriez utiliser un jeu de rôle inversé pour enseigner l’empathie en demandant à un enfant intimidateur de jouer un scénario dans le lequel il tiendrait le rôle de la victime. Aider un enfant à développer son empathie influencera sa manière de se comporter et d’interagir avec les autres.
Soyez prêt à intervenir lorsque qu’une situation d’intimidation se produit dans votre classe. Vous pouvez préparer l’intervention à l’avance en éduquant les enfants de votre classe sur l’intimidation. Il est recommandé de se référer régulièrement aux règles anti-intimidation de votre classe, durant l’heure du cercle par exemple. Les lignes de conduite de la classe peuvent décrire en quoi consiste l’intimidation et comment gérer ce genre de situation, y compris comment en rendre compte et les conséquences découlant de ce comportement. Il existe de nombreuses stratégies de prévention permettant de contrer l’intimidation. Pour obtenir d’autres idées concernant la planification, veuillez consulter le document intitulé Éduquer les enfants en matière d’intimidation.