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Chaînage et façonnage du comportement – Superviser et motiver l’enfant dans l’apprentissage des étapes

Que signifient ces termes?

Quelle que soit la compétence, on peut l’enseigner sous forme de chaîne comportant de petites étapes. Ces petites étapes sont identifiées à la suite de la réalisation d’une analyse de tâches. Chaque étape, ou maillon de la chaîne, joue le rôle de signal indiquant le passage à l’étape suivante. En passant d’une étape à une autre étape apprise lors de la séquence, il est possible de créer une chaîne solide. On appelle cela le CHAÎNAGE. Il existe deux sortes de chaînage : avant et arrière. Nous allons approfondir ce sujet dans les paragraphes suivants.

Voici un exemple : Simithy n’aime pas attendre que vous serviez les autres enfants et que vous la nourrissiez ensuite à la cuillère. Elle pleure et jette souvent son bol. Vous décidez qu’il serait utile de lui apprendre à se servir de la cuillère afin qu’elle puisse se nourrir seule. On réalise une analyse de tâches et cinq étapes sont identifiées dans la chaîne correspondant à l’action de nourrir à la cuillère.

  1. Prendre la cuillère.
  2. Plonger la cuillère dans le bol de nourriture.
  3. Recouvrir la cuillère de nourriture.
  4. Soulever la cuillère de nourriture du bol.
  5. Mettre la cuillère de nourriture dans la bouche.

Au fur et à mesure que Simithy commence à assimiler les étapes, chacune entraîne la suivante. Tenir la cuillère dans sa main l’aide à savoir que la prochaine étape consiste à plonger la cuillère dans le bol. La cuillère dans le bol l’incite à mettre la nourriture dans la cuillère. La nourriture dans la cuillère l’incite à soulever la nourriture, et le fait de tenir la cuillère contenant la nourriture l’incite à la porter à la bouche. Une cuillérée de sa nourriture préférée constitue évidemment le principal avantage.

Les véritables étapes de la tâche sont enseignées par le biais du FAÇONNAGE. C’est le processus au cours duquel l’enfant est récompensé pour s’être rapproché du but ou être presque parvenu à franchir l’étape finale. Prenons l’exemple du jeu de « Tu chauffes, tu refroidis » où vous récompensez chaque mouvement qui rapproche l’enfant du prix, tout en réalisant les étapes correctement. Si la récompense se trouve sous le canapé et que le joueur se dirige dans sa direction, vous dites « tu chauffes » (renforcement du comportement) à chaque fois que le joueur fait un pas vers le canapé. Si le joueur s’éloigne du canapé, vous dites « tu refroidis » (non renforcement). Lors du façonnage d’une compétence, l’enfant est récompensé quand une partie de la compétence a été réalisée correctement. En premier lieu, si Simithy touche la cuillère, vous pourriez la récompenser en la félicitant. Progressivement, cela ne suffira plus pour être félicité : l’enfant sera gratifié uniquement lorsque l’étape de prise de la cuillère sera un peu mieux réalisée. La règle du renforcement change lorsque vous attendez plus d’indépendance et de précision de la part de l’enfant.

Comme évoqué plus haut, il existe deux sortes de chaînage : avant et arrière. Ce qui les différencie est le moment où vous commencez à enseigner les étapes de la chaîne. Le chaînage avant implique vous commenciez par montrer à Simithy comment prendre la cuillère. Le chaînage arrière suppose que vous commenciez par lui montrer comment mettre la nourriture dans sa bouche. Elles constituent toutes les deux de bonnes approches dans cette situation.

Comment choisir entre le chaînage avant et le chaînage arrière?

Il est préférable d’enseigner la séquence composée d’étapes en commençant par la première (chaînage avant) quand :

  • l’enfant comprend l’aboutissement (par ex. : Simithy comprend que la cuillère de nourriture finira dans sa bouche),
  • l’enfant est assez motivé pour acquérir de nouvelles compétences (par ex. : elle veut vraiment manger, et maintenant!),
  • l’enfant montre peu de résistance dans le suivi des instructions et peut tolérer le fait d’être éventuellement guidé pour suivre plusieurs étapes de l’analyse de tâches.

Dans certains cas, il est recommandé d’utiliser le chaînage arrière (par ex. : commencez par enseigner la dernière étape à l’enfant, puis l’avant-dernière étape, etc.). Il est préférable de choisir cette méthode quand :

  • L’enfant ne comprend pas l’aboutissement (par ex. : une bouchée de nourriture) et qu’il a besoin d’être rapidement mené au résultat final.
  • Au début, la motivation pour la nouvelle compétence est faible et l’enfant a besoin d’être très rapidement récompensé pour sa coopération et son succès dans la réalisation de l’étape. Ceci aide à créer un lien avec la finalité de l’action. Peu à peu, lorsqu’on demandera à l’enfant de réaliser un plus grand nombre d’étapes avec succès, il apprendra à accepter de ne pas être récompensé sur-le-champ.
  • L’enfant montre de la résistance face à l’enseignement, à la guidance, etc.; les sessions d’enseignement doivent initialement être très brèves, de façon à ce qu’il puisse recevoir une récompense pour ses efforts. Ceci contribue à éviter qu’un futur comportement de résistance ne se reproduise, étant donné que l’enfant comprend que la récompense est proche.

Quelle forme prend votre enseignement lorsque vous utilisez le chaînage et le façonnage?

Simithy est motivée pour acquérir cette nouvelle compétence; elle comprend ce que l’on ressent quand on porte une cuillérée de nourriture à la bouche et fait preuve de coopération lors de son apprentissage. Le chaînage avant fonctionne très bien dans cette situation.

Vous lui apprendrez soit :

  • la tâche totale – Guidez et récompensez Simithy durant la majorité ou la totalité des cinq étapes composant l’analyse de tâches, ou bien
  • la tâche partielle – Guidez et récompensez uniquement une seule étape jusqu’à ce qu’elle soit maîtrisée et faites le reste vous-même. Vous commencerez par montrer l’exemple et guider Simithy pour qu’elle prenne la cuillère puis vous réaliserez les quatre étapes restantes vous-même. L’utilisation de la technique de façonnage va renforcer graduellement les approximations jusqu’à ce qu’elle soit capable de prendre la cuillère sans bénéficier d’aide. Dès lors qu’elle y parvient seule et sans récompense, vous pouvez passer à l’étape suivante en lui demandant de plonger la cuillère dans le bol. Récompensez-la uniquement pour s’être approchée de cette nouvelle étape de la chaîne. Avec le temps, elle devra franchir de plus en plus d’étapes pour recevoir une récompense. En dernier lieu, elle reçoit la récompense (prix, etc.) uniquement lorsque la totalité de la nouvelle compétence est acquise avec autant d’indépendance que ses capacités le permettent.

Réduisez graduellement l’aide requise à chaque étape jusqu’à ce que celle-ci soit apprise. Au fur et à mesure que chaque petite étape est maîtrisée, arrêtez de donner une récompense et ne récompensez que les nouvelles étapes nécessitant encore du travail. Avec le temps, l’aide nécessaire à chaque étape diminuera. En dernier lieu, la récompense surviendra uniquement lorsque la totalité de la compétence aura été acquise sans aucune aide.

Conseils pour garantir la réussite

Minimisez la frustration, les erreurs et le besoin de correction :

  • Ne franchissez pas trop rapidement les étapes : l’enfant commencera à commettre de nombreuses erreurs et pourrait se sentir frustré.
  • Réduisez graduellement la guidance et l’aide nécessaires à la maîtrise de l’étape. Utilisez toujours le MOINS d’aide nécessaire de façon à ce que l’enfant ne devienne pas dépendant de votre guidance.

Maximisez l’acceptation des instructions, la motivation et la performance dans le franchissement des étapes :

  • Donnez les instructions de façon claire et simple en utilisant des supports visuels lorsque cela est nécessaire.
  • Montrez les étapes.
  • Trouvez la récompense qui plaira à l’enfant.
  • Réduisez et retardez graduellement la distribution de récompenses pour le franchissement d’étapes.
  • Encouragez l’enfant lors de l’apprentissage de nouvelles étapes. Gardez en tête que la plus grosse récompense est distribuée à la fin, dès lors que l’enfant a reproduit les étapes apprises sans aucune aide.

Quelques mots sur la généralisation

Les enfants doivent savoir qu’une nouvelle compétence peut être mise en application dans de nombreux endroits, avec de nombreuses personnes et dans de nombreuses conditions. Pour certains enfants, apprendre à manger seul à la garderie ne signifie pas nécessairement qu’ils vont reproduire cette compétence à la maison (avec d’autres cuillères que celles utilisées lors de l’apprentissage, ou avec une autre personne que celle lui ayant enseigné la compétence).

Voici quelques conseils pour encourager l’utilisation de nouvelles compétences le plus possible :

  • Utilisez des objets similaires mais présentant néanmoins une différence pour enseigner les mêmes compétences (par ex. : plusieurs types de cuillères et de bols).
  • Faites intervenir d’autres personnes dans l’enseignement des mêmes compétences MAIS soyez sûr d’instaurer une communication concernant les stratégies utilisées pour enseigner la compétence, les étapes maîtrisées et celles à enseigner.
  • Enseignez la compétence dans différents endroits autour de la garderie et à la maison.
  • Enseignez la compétence à différents moments adéquats de la journée.

Avec un peu de pratique, vous trouverez que les techniques de chaînage et de façonnage sont assez simples et utiles pour enseigner de nouvelles compétences aux enfants.


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