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Rédiger des récits personnels

Photo of two children playing together in a class

Les récits personnels ont généralement pour but de préparer les enfants à de nouveaux évènements ou changements dans leur routine habituelle. En tant que parent, enseignant ou professionnel de la petite enfance, vous pouvez vous servir de récits personnels pour décrire une situation sociale et montrer à votre enfant qu’il peut s’en sortir avec succès.

Un récit personnel sert à :

  • décrire des situations sociales difficiles à vivre pour votre enfant,
  • l’aider à mieux comprendre cette situation,
  • suggérer un comportement approprié et
  • aider votre enfant à appréhender ou à comprendre les pensées, les émotions et les comportements des autres.

Tout enfant éprouvant des difficultés lorsqu’il est confronté à une situation sociale particulière peut être aidé grâce à un récit personnel. Vous pouvez en adapter le langage, la longueur, le contenu et le format en fonction du niveau de langage et de développement de l’enfant (vous pouvez par exemple vous servir de supports visuels tels que des photographies, des dessins ou autres images en complément du texte). Les récits personnels peuvent également être enregistrés sur une bande audio ou vidéo pour les enfants ayant plus de facilité à apprendre de cette manière.

Quand puis-je me servir d’un récit personnel?

  1. Pour préparer les enfants à de nouveaux évènements et expériences

    Un récit personnel peut préparer votre enfant à faire face à de nouveaux évènements en lui montrant ce qui va se passer et ce qu’il peut faire. Il peut également se révéler utile pour aider l’enfant à faire face à des situations désagréables ou effrayantes pour lui. Par exemple :

    • inviter un ami à jouer
    • se rendre à un rendez-vous chez le docteur
    • recevoir un visiteur à la maison ou en classe
  2. Pour inculquer un comportement positif

    Un récit personnel peut montrer à votre enfant comment bien se comporter dans toutes sortes de situation, comme par exemple

    • pour demander la permission de se servir des jouets plutôt que de les arracher des mains des autres
    • rester sage lorsque l’on fait la queue
  3. Pour enseigner une nouvelle aptitude

    Un récit personnel peut servir à décomposer et enseigner de nouvelles aptitudes, comme par exemple :

    • s’habiller
    • aller aux toilettes
    • jouer chacun à son tour

Comment créer un récit personnel?

Un récit personnel donne la description détaillée d’une situation problématique, en mettant l’accent sur des informations sociales essentielles telles que les pensées, les émotions et les actions des autres. Il offre également des suggestions de comportement pour votre enfant.

Les récits personnels sont rédigés selon la perspective de votre enfant, ils emploient un langage positif et sont écrits au présent à la première personne du singulier.

Correct : Je suis tranquillement assis sur le canapé pendant l’heure du conte.
Incorrect : Adam ne doit pas parler pendant l’heure du conte.

Lorsque vous rédigez un récit personnel, assurez-vous d’y évoquer uniquement le comportement que votre enfant doit adopter, et non celui qu’il doit éviter.

Correct : Je range lorsque j’ai fini de jouer.
Incorrect : Je ne laisse pas tout en chantier lorsque j’ai fini de jouer.

Avant de rédiger un récit personnel, vérifiez les points suivants :

  • Il met l’accent sur un comportement ou une aptitude.
  • Vous avez parlé à d’autres personnes jouant un rôle dans la vie de l’enfant (par exemple le personnel de la garderie, les membres de la famille, les enseignants ou les travailleurs de soutien) pour obtenir leurs suggestions.
  • Si c’est possible, faites participer l’enfant à la rédaction de son propre récit personnel.
  • Sa rédaction est adaptée au niveau de l’enfant et emploie des supports visuels (comme par exemple des pictogrammes) si nécessaire.

Il existe six sortes de phrase dans un récit personnel :

Les phrases descriptives expliquent la situation en répondant aux questions QQOQCP : qui, quoi, où, quand, et pourquoi.

Parfois, mon ami Julian (qui) aime jouer (quoi) au jeu de calcul (où) sur l’ordinateur (quand).

Les phrases de perspective décrivent les émotions, les pensées et les réactions des autres personnes impliquées dans la situation.

Julian aime jouer au jeu de calcul.

Les phrases affirmatives renforcent la signification des autres déclarations.

C’est bon.

Les phrases coopératives identifient les actions des autres pour soutenir votre enfant.

Ma maman/la maîtresse veille à ce que je puisse jouer au jeu de calcul à mon tour.

Les phrases directives donnent des suggestions de comportement à l’enfant (elles doivent être énoncées de manière positive).

Je peux m’asseoir à côté de mon ami Julian et attendre mon tour.

Les phrases de contrôle mettent au point des stratégies pouvant rappeler à l’enfant comment se comporter. Souvent, un enfant ajoute cette phrase (avec l’aide d’un adulte) après avoir passé le récit en revue.

Je sais que si Julian est en train de jouer à l’ordinateur, je peux faire autre chose en attendant.

De nombreux récits personnels démarrent sur une phrase introductive servant de présentation personnelle.

Je m’appelle Jennifer.

Carol Gray, créatrice des scénarios sociaux, a défini une proportion précise des phrases à employer lorsque l’on rédige des récits personnels :

Phrases de DESCRIPTION = phrase descriptive + phrase de perspective + phrase de coopération + phrase affirmative
Phrases de DIRECTION = phrase directive + phrase de contrôle

Il devrait y avoir au minimum deux fois plus de phrases de DESCRIPTION que de phrases de DIRECTION.

Penchons-nous sur un exemple de récit personnel simple :

Je m’appelle Matthew. (phrase introductive)

J’adore jouer avec le gros camion jaune. (phrase descriptive)

Jonathan aussi aime jouer avec le gros camion jaune. (phrase de perspective)

Lorsque Jonathan est en train de s’amuser avec le camion, je peux lui demander : « Je peux jouer à mon tour, s’il te plaît? » (phrase directive)

J’attends qu’il ait fini son tour. (phrase directive)

C’est bon, je peux attendre. (phrase affirmative)

Maman m’aide à rester tranquille pendant que j’attends mon tour. (phrase de coopération)

Maman est contente quand j’attends mon tour. (phrase de perspective)

Quand Jonathan a terminé, c’est à mon tour. (phrase descriptive)

Je m’amuse bien avec le camion. (phrase descriptive)

Je peux me souvenir de demander à Jonathan de me laisser jouer à mon tour et d’attendre. (phrase de contrôle)

Voici le nombre de phrases de cet exemple :

Phrases descriptives = 3, Phrases de perspective = 2, Phrase de coopération = 1, Phrase affirmative = 1, Phrases directives = 2, Phrase de contrôle = 1

TOTAL des phrases de DESCRIPTION : 3 + 2 + 1 + 1 = 7

TOTAL des phrases de DIRECTION : 2 + 1 = 3

Comme il est suggéré, il y a deux fois plus de phrases de DESCRIPTION que de phrases de DIRECTION.

Comment puis-je me servir d’un récit personnel?

Une fois que vous avez rédigé un récit personnel, vous pouvez le passer en revue tous les jours avec votre enfant jusqu’à ce qu’il lui soit familier. Il est essentiel que vous lui présentiez et mettiez en pratique le récit personnel avant que la situation nouvelle ou problématique ne survienne, afin que l’enfant soit bien préparé. Par exemple, si votre enfant est en train de travailler sur un récit ayant pour thème son goûter, vous pouvez passer en revue le récit juste avant l’heure du goûter pour lui rappeler ce qui pourrait se produire et comment il devrait réagir.

Si vous vous servez du récit personnel pour enseigner une nouvelle aptitude à votre enfant, donnez-lui des occasions de mettre en pratique les étapes de l’aptitude en question. N’allez pas trop vite, car cela prend du temps de transposer dans la « vraie vie » ce que l’on a appris dans une histoire. Après tout, il est possible d’apprendre à faire un créneau en suivant les étapes d’un manuel pour automobiliste, mais la plupart des conducteurs ont besoin d’un peu d’entraînement au volant avant de parvenir à bien se garer.

Pour relier un récit personnel à une mise en pratique dans la vraie vie, les jeux font merveilleusement bien l’affaire. Si votre enfant n’aime pas particulièrement les livres ou réagit mieux aux activités pédagogiques « interactives », vous pouvez lui raconter une histoire pendant qu’il s’amuse. Par exemple, pour préparer votre enfant à un rendez-vous chez le docteur, vous pouvez lui présenter une trousse de docteur jouet pour jouer avec une poupée ou sur lui-même. S’il se sent à l’aise, vous pouvez appliquer un stéthoscope jouet sur son cœur ou faire semblant de lui faire une piqûre.

Et si cela ne fonctionne pas?

Il est essentiel de vérifier l’efficacité du récit. Si votre enfant a toujours du mal à gérer la situation problématique au bout de deux semaines ou plus, il est peut-être nécessaire de modifier l’histoire.

Demandez-vous :

  • Si l’histoire est trop longue ou verbeuse. Si elle manque de clarté est déroutante.
  • Si son niveau de rédaction est adapté à mon enfant.
  • S’il faut inclure des supports visuels (images).
  • Si le récit met l’accent sur le bon comportement.

Lorsqu’ils sont correctement rédigés et utilisés, les récits personnels peuvent s’avérer être très efficaces pour les parents, les gardiens et les enseignants qui souhaitent aider les enfants à faire face à des situations nouvelles ou problématiques.

Références :

The New Social Stories Book, par Carol Gray

Writing Social Stories with Carol Gray, par Carol Gray

Creating Personal Stories

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