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Aider une personne à appréhender les transitions

Pour quelqu’un présentant une déficience intellectuelle, les transitions et changements de toutes sortes peuvent se révéler extrêmement stressants. Les personnes ayant une déficience intellectuelle peuvent se sentir vulnérables face à une situation inconnue, qui les arrache à leur environnement familier. Pour la plupart d’entre nous, cet environnement familier représente une sorte de havre où l’on réussit à se sentir en sûreté. Lorsque l’on fait face à un changement plus ou moins important (selon certaines personnes), nous nous mettons en conditions de plusieurs manières.

Cet article présente quelques stratégies pouvant aider quiconque effectuant une transition. Ces stratégies sont classées en trois grandes sections :

  1. la préparation
  2. la transition en elle-même
  3. le suivi

Lorsque l’on anticipe n’importe quel changement, nous nous préparons de plusieurs manières. Si par exemple nous devons passer un entretien d’embauche dans un endroit inconnu, nous pouvons nous entraîner avec un ami à répondre aux diverses questions pouvant être posées; nous pouvons rechercher l’endroit sur un plan de la ville; nous pouvons réfléchir à l’avance aux vêtements que nous allons porter, etc. Chacune de ces étapes préparatoires nous aide à nous organiser et éventuellement, nous permet d’acquérir la confiance dont nous avons besoin pour le jour de l’entretien.

Les étapes préparatoires rendent certainement les choses plus faciles pour préparer une personne présentant une déficience intellectuelle à faire face à un changement. Nous pouvons nous servir de toutes sortes de signaux et d’indications pour faciliter les transitions plus ou moins importantes.

Réfléchissez aux signaux que vous pourriez utiliser dans le cas d’un jeune adulte sur le point de quitter la maison pour aller vivre en résidence adaptée. Vous pouvez vous servir de signaux visuels, notamment des brochures comportant des photos des appartements, des clichés polaroïd pris par la personne et sa famille lors d’une visite, des calendriers et des emplois du temps présentant les programmes quotidiens ou hebdomadaires, des pictogrammes pour mieux organiser les vêtements et les affaires personnelles, ou encore des étiquettes avec le nom des autres résidents collées sur leurs photos. Vous pouvez également vous servir de signaux auditifs, par exemple en répétant le nom des personnes, en montrant à la personne comment se réveiller toute seule à l’aide d’un réveil à la maison, ou en lui montrant comment s’habiller toute seule à l’aide d’un minuteur de cuisine. La personne peut aussi se prépare avec sa famille en faisant elle-même sa valise, en faisant le trajet pour se rendre dans la nouvelle résidence, et en participant à des activités sociales à la résidence avant d’emménager. Tous ces signaux aident d’une certaine manière la personne à se préparer et à se sentir plus à l’aise lorsque le jour du déménagement arrive.

Se préparer pour un changement, c’est avant tout entreprendre toutes les étapes nécessaires pour faciliter et assurer autant que possible le succès de la transition.

Le cas que nous avons évoqué consiste en un changement plutôt important avec beaucoup de stress potentiel. Toutefois, on peut se servir des mêmes types de signaux pour aider à effectuer une transition de moindre importance. Certaines personnes peuvent être tellement perturbées et contrariées par le moindre petit changement dans leur environnement qu’elles doivent passer par un peu de préparation. Une personne qui se sent à l’aise dans sa routine quotidienne sans surprises peut avoir besoin de se préparer lorsqu’un changement survient dans cette routine.

Prenons par exemple un enfant en garderie qui doit cesser une activité et passer à une autre. On peut utiliser plusieurs signaux pour aider chaque transition ou chaque nouveau déplacement vers une nouvelle activité. On peut donner à l’enfant un avertissement verbal accompagné d’un signal visuel pour lui indiquer qu’il doit passer à une nouvelle activité. Il peut également faire équipe avec d’autres enfants, qui lui donnent un signal supplémentaire : lorsqu’ils se déplacent, l’enfant les voit et se déplace également. On peut aussi lui donner un emploi du temps portatif, avec des pictogrammes pour lui indiquer la prochaine activité. En préparant une personne de toutes ces manières possibles, la transition sera plus facilement un succès.

Lorsque la transition survient, il est utile de répéter les différents signaux, aussi bien visuels qu’auditifs ou physiques. Les signaux ont à présent un effet immédiat, pour indiquer que la transition va se produire. Pour l’enfant en garderie qui passe d’une activité à l’autre, on peut lui donner des instructions, en conjonction avec une guidance physique, pour l’aider à effectuer l’action. Pour l’adulte déménageant en résidence, le jour du déménagement, celui-ci va transporter ses objets préférés dans un véhicule et faire le déplacement en véhicule vers son appartement. Encore une fois, en répétant plusieurs signaux, on peut aider la personne à se sentir plus à l’aise et plus indépendante pour réussir à effectuer cette transition.

L’étape finale consiste à évaluer la manière dont la transition a été effectuée. La personne a-t-elle réussi à effectuer la transition? Peut-on apporter quelques changements à la préparation pour que la transition se passe encore mieux? La personne a-t-elle mieux réagi à certains signaux qu’à d’autres? En se posant ce genre de questions, on pourra faciliter les transitions ultérieures pour la personne en question. Lorsque l’on demande à la personne et à son entourage comment les choses se sont passées, on aura une meilleure idée sur la manière de modifier les transitions à l’avenir. Cette étape est importante, car elle permet au final de faciliter les futurs changements dans la routine et les activités de cette personne.

La facilité avec laquelle nous faisons face à des situations nouvelles et différentes est directement liée à leur fréquence. Plus nous réussissons à faire face aux changements dans notre environnement, plus nous pouvons faire face calmement à une situation radicalement nouvelle. Nous apprenons à extrapoler d’une situation à l’autre. La généralisation se produit lorsque nous évaluons mentalement une nouvelle situation et la comparons à des expériences passées du même type. Nous voyons quels aspects sont semblables et quels aspects sont différents. Nous nous servons de toutes nos expériences vécues pour gérer celle-ci avec succès.

Lorsque nous aidons une personne présentant une déficience intellectuelle à traverser ces transitions avec succès, nous devons créer pour elle des occasions de faire ces généralisations. Souvent, cela équivaut à mettre en pratique des habiletés dans des situations différentes et avec des personnes différentes. On peut modifier légèrement les signaux, les instructions ou les enchaînements, mais tous ces aspects doivent être préparés en fonction des observations faites lors de la première transition.

Passons en revue les trois étapes nécessaires à une transition réussie. Premièrement, nous devons soigneusement préparer la personne au changement en lui donnant autant de signaux que possible pour lui faire savoir que le changement est imminent. Deuxièmement, nous devons nous resservir de ces signaux au moment de la transition. Plus les signaux permettent d’effectuer la transition d’une manière indépendante en favorisant l’auto-développement, mieux c’est. Troisièmement, il est essentiel de passer en revue ce qui s’est passé, pour garantir le succès des prochaines transitions. À ce stade, il faut en particulier accorder toute l’importance nécessaire à la généralisation et accumuler les expériences d’une manière positive, pour que le changement ne soit plus si difficile à vivre.


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