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L’anxiété chez les jeunes enfants

Il est tout à fait naturel d’éprouver de l’anxiété lorsque l’on ne comprend pas ce à quoi s’attendre dans certaines situations ou contextes. En d’autres termes, nous pouvons être nombreux à éprouver de l’anxiété lorsque nous faisons face à des exigences environnementales et/ou circonstancielles incertaines.

Tous les enfants éprouvent de l’anxiété; c’est normal et on s’y attend. Par exemple, de nombreux enfants manifestent des signes de détresse lorsqu’on les laisse seuls, pour la première fois, à la crèche ou à la maternelle. Certains enfants peuvent également développer une peur du noir. Des enfants peuvent également ressentir de l’anxiété face à des changements dans la routine quotidienne. Une telle anxiété peut se révéler problématique lorsqu’elle entraîne une suspension des activités normales d’un enfant (fréquenter l’école, se faire des amis, ou encore dormir).

Soutien à l’enfant

Confier l’enfant à une garderie inconnue peut se révéler aussi éprouvant pour les parents que pour l’enfant. Toutefois, vous pouvez rendre cette transition des parents aux gardiens aussi agréable que possible en préparant cette étape avec soin, et en ayant conscience que des larmes et de l’anxiété sont normales au moment de la séparation q. La rapidité à laquelle l’enfant s’adapte dépend de plusieurs facteurs : l’âge et le stade de développement de l’enfant; ses expériences passées aux soins d’autres personnes; les compétences des nouveaux gardiens et un nouvel environnement organisé d’une manière appropriée; et la capacité des parents à préparer l’enfant et à se préparer eux-mêmes à la séparation. Voici quelques stratégies que vous pouvez soumettre aux parents avant l’arrivée de l’enfant en garderie, ou si l’enfant éprouve des difficultés lors de son arrivée au centre.

Comment les parents peuvent aider :

  • Soyez enthousiastes sur le changement qui s’annonce. Si vous faites preuve d’intérêt et de confiance, votre enfant fera de même.
  • Préparez-vous. Observez bien la manière dont votre enfant réagit lorsqu’il est confronté à la séparation. Si c’est possible, emmenez-le visiter son nouvel environnement. Présentez votre enfant à l’avance au nouvel enseignant ou professionnel de la petite enfance.
  • Si c’est possible, organisez une journée de jeux avec un autre enfant du programme (si possible un seul enfant) pour que votre enfant puisse repérer un visage familier à son arrivée.
  • Établissez des routines quotidiennes qui s’ajouteront aux habitudes permanentes. Invitez l’enfant à se joindre à la préparation de son sac à dos ou de ses vêtements. Et avancez l’heure de se mettre au lit plusieurs semaines à l’avance.
  • Expliquez-lui l’heure et l’endroit où vous passerez le chercher. Par exemple, vous pourriez dire à votre enfant : « Je serai là après le dîner et la sieste. Tu seras sûrement en train de jouer dehors. Je saurai où te trouver. » L’enfant a souvent peur de ne pas vous voir revenir, ou que vous ne puissiez pas le retrouver. Si c’est un autre membre de la famille ou un gardien qui doit venir chercher l’enfant, n’oubliez pas d’en avertir ce dernier.>
  • N’oubliez jamais de dire au revoir à votre enfant. Ne soyez pas tenté de sortir furtivement quand l’enfant a le dos tourné. L’enfant se sentira trahi et aura d’autant plus tendance à s’accrocher à vous plus tard. Mais tâchez de ne pas prolonger les adieux. Si l’enfant se met à pleurnicher ou s’accroche à vous, s’attarder rendra la séparation encore plus douloureuse.
  • Votre niveau de stress peut accentuer l’angoisse provoquée par la séparation. Si vous vous sentez angoissé(e) à propos de la garderie, ou coupable à l’idée d’y laisser votre enfant, ceci peut accentuer la détresse de l’enfant. Surtout, faites preuve de confiance envers la garderie que vous avez choisie. Et ne perdez pas de vue qu’un peu de temps loin de l’autre peut être aussi bénéfique pour vous que pour l’enfant.

Comment les éducateurs à la petite enfance peuvent aider :

  • Assurez-vous que les activités que vous choisissez sont adaptées au développement de l’enfant. L’enfant se sentira plus à l’aise dans son nouvel environnement s’il se plonge dans des activités passionnantes et stimulantes.
  • Apprenez à connaître l’enfant le plus rapidement possible. Les parents peuvent vous fournir des renseignements sur ce que l’enfant aime, n’aime pas, ou sur ses centres d’intérêt particuliers.
  • Soyez à l’écoute des suggestions des familles. Les parents peuvent faire des propositions spécifiques qui se sont révélées utiles pour leur enfant. Ne l’oubliez pas : personne ne connaît mieux l’enfant que ses parents.
  • Faites faire à l’enfant le tour de la garderie, et présentez-lui les autres adultes de la garderie.
  • Mettez en place un rituel d’au-revoir avec la famille. Les rituels sont rassurants, en particulier lors des moments difficiles. Aidez les parents à mettre au point un petit cérémonial d’au-revoir, comme par exemple un coucou par la fenêtre ou un câlin. Vous pouvez également demander au parent qui est la personne qui viendra chercher l’enfant, ou encore à quelle heure. Vous pourrez ainsi rassurer l’enfant et lui dire que ses parents seront de retour.

Il se peut parfois que l’anxiété ne provienne pas uniquement de la séparation. Envisagez d’autres sources de stress possibles dans la vie de l’enfant. Si un enfant reste inconsolable plus de deux semaines dans sa nouvelle garderie ou autre environnement, ou s’il refuse de manger, ne dort plus correctement, refuse d’interagir avec les autres, et si son comportement se modifie continuellement, il est nécessaire d’en parler avec la famille de l’enfant, et d’envisager de faire appel à un professionnel.

Tout comme les adultes, les enfants ont besoin de temps pour s’adapter à des personnes et des situations nouvelles. L’expérience peut faciliter quelque peu la transition, mais elle n’ôte pas tout le stress du changement. Si les parents et les puériculteurs font preuve de patience et de compréhension, cela aidera l’enfant à appréhender de nouvelles situations en toute confiance, ce qui lui sera fort utile pour parvenir à faire face au changement tout au long de sa vie.

Stratégies générales pour faire face à l’anxiété

L’adaptation à un changement brusque ou inattendu, ou encore la perspective d’une activité désagréable peut constituer un vrai défi pour certains enfants ayant des besoins spéciaux. Voici quelques stratégies à garder à l’esprit :

  • Efforcez-vous de ralentir les activités lorsque vous observez des signes de stress dans le comportement d’un enfant. Laissez chaque enfant faire les choses à son propre rythme.
  • Donnez à l’enfant des conseils pour se calmer, comme par exemple respirer profondément, penser à un endroit tranquille, ou encore compter jusqu’à dix.
  • Prévoyez de longues périodes de jeu. Avertissez les enfants lors des transitions ou des changements dans l’emploi du temps de la garderie. Par exemple, donnez un signal visuel (par exemple, éteindre les lumières) pour indiquer un changement prochain, et dites : « Encore deux minutes et ce sera l’heure du cercle ».
  • Donnez un jouet spécial à l’enfant pour le réconforter, ou permettez-lui d’en apporter un de chez lui.
  • Apprenez à l’enfant à identifier les situations ou les évènements facteurs de stress, et comment faire face à ses angoisses.
  • Servez-vous d’aides visuelles pour décrire les évènements à venir, ou faites appel à des stratégies dont un enfant peut se servir pour gérer son angoisse (comme par exemple des livres d’histoires, des récits sociaux personnalisés à l’enfant, ou un emploi du temps quotidien).

Prenons un exemple :

Jaspal est une petite fille atteinte d’autisme. Elle se cache toujours derrière l’étagère du matériel artistique avant d’aller à la salle de sport. Dans la salle de sport, Jaspal ne participe pas aux activités et se précipite constamment vers la porte, ou alors elle se bouche les oreilles. Après l’avoir observée et rassemblé quelques informations supplémentaires, ses professeurs pensent qu’elle essaie d’échapper au bruit assourdissant qui se répercute dans la salle de sport. C’est sans doute la raison pour laquelle Jaspal se cache ou commence à s’angoisser, et qu’elle cherche à éviter les séances de sport.

Dans ce cas de figure, nous pouvons aider Jaspal à identifier les éléments du cours de sport qui la rendent anxieuse. Nous pouvons également écrire un récit social à l’aide de symboles picturaux décrivant la situation, et ce que Jaspal peut faire dans cette situation. Nous pouvons lire le récit tous les jours et interpréter le scénario pour lui donner l’occasion de s’exercer et de se souvenir de ce qu’il faut faire lorsqu’il est l’heure de faire du sport. Voici à quoi peut ressembler le récit :

Je m’appelle Jaspal.
Notre classe va jouer à la salle de sport presque tous les jours.
Quand on doit se mettre en rang pour aller à la salle de sport, je respire profondément.
Parfois, les enfants crient en jouant dans la salle et ça devient très bruyant. Tout va bien.
Mon professeur essaie de m’avertir lorsqu’il va y avoir une activité bruyante.
Lorsque j’entends des bruits trop forts, je peux me boucher les oreilles ou demander à sortir de la salle de sport.

Lorsque l’on aide un enfant à réagir positivement aux évènements angoissants, on pose les bases pour un développement émotif et social sain. Les parents et les professionnels de la petite enfance jouent un rôle égal pour donner à l’enfant un sentiment de sécurité. Si vous craignez qu’un enfant éprouve des problèmes liés à l’angoisse, vous devriez en discuter avec sa famille. Il est recommandé de consulter un pédopsychiatre ou un autre professionnel qualifié de la santé mentale. Les problèmes d’anxiété grave chez les enfants peuvent être soignés.

Glossaire

Anxiété – état de malaise, d’appréhension ou d’inquiétude à propos de ce qui pourrait se produire, ou préoccupation à propos d’un évènement futur possible.

Phobie – crainte incontrôlable, irrationnelle et constante d’un objet, d’une situation ou d’une activité spécifique.

Anxiété de séparation – lorsqu’un enfant ou un tout-petit s’inquiète d’être éloigné de son gardien principal.
Cela peut se produire chez les nourrissons dès 7 mois, mais l’anxiété de séparation atteint en général son point culminant entre un an et 18 mois.

Stress – réponse physiologique du corps face à des situations de vie aussi bien heureuses que malheureuses.

Références

Illinois Early Learning Project (projet sur l’apprentissage précoce de l’Illinois).

Please don’t go: Separation Anxiety and Children (S’il te plaît, ne t’en va pas : l’anxiété de séparation et les enfants).

Fiche de conseils disponible sur www.illinoisearlylearning.org

Enfance et Famille Canada.

Faire face à l’anxiété de séparation.

Feuille-ressource n° 41. Disponible sur www.cfc-efc.ca

Beidel, Deborah C. (2005). Désordres de l’anxiété enfantine : Guide et traitement. Routledge.

Centre Groden – https://grodennetwork.org/


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